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Olivier Norek

On ne croyait pas ça possible, mais quand le nom d'Olivier Norek s'est affiché, c'est une forme de rêve qui s'est réalisé. Durant environ 1h30, nous avons eu le plaisir d'avoir, pour la visio mensuelle du Quartier Noir, Olivier Norek. Avec la joie et la bonne humeur habituelle, nous avons échangé autour de son parcours, de ses écrits et de sa vision de l'adaptation cinématographique d'un livre.


QuartierNoir : Eh bien bonjour, monsieur Norek, bienvenue au quartier noir. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaîtraient pas encore ?

Olivier Norek : Alors, je suis un homme de 46 ans, auteur depuis 10 ans, ancien capitaine de police dans le 93. Dans les trois dernières années de flic, je m’occupais des enlèvements avec rançon, braquage avec coffre et des homicides.


QN : Comment es tu entré dans l’écriture ?

O.N : J’ai participé à un concours de nouvelles organisé par féminin.com, pour lequel je suis arrivé à la troisième place. Et la situation était drôle parce que vu l’organisateur et ce que j’avais écrit, tout le monde s’attendait à voir une jeune minette de 30 ans à peine. Mais quand je suis allé récupérer mon prix, j’étais encore flic et je sortais d’une affaire compliquée. Donc ils se sont trouvés en face d’un gars qui ne ressemblait à rien, des valises sous les yeux et une barbe de trois semaines. Là-dessus, on m’a proposé l’écriture d’un roman, qui garderait la sensibilité de ce que j’avais écrit qui faisait croire que j’étais une jeune femme de 30 ans, couplé à mon expérience du quotidien de flic. Donc j’ai écrit Code 93, qui a trouvé son lectorat assez vite. Et quand on m’a proposé l’écriture d’un second, j’ai dû choisir. J’ai dit à mon éditeur « écoute, je suis flic le jour et écrivain la nuit. Je dors peu et un jour, il y a un des deux métiers que je vais mal faire. Si c’est l’écrivain, je m’en fous. Écrire un mauvais livre, ça n’engage que moi et le papier. Si c’est flic, c’est plus délicat parce qu’une enquête bâclée, ça peut faire très mal, parce qu’il y a une victime derrière. Donc j’ai choisi de me mettre en disponibilité jusqu’à la fin de mon contrat et de me consacrer à l’écriture. J’en avais pour 10 ans, on m’a dit de faire attention, que ça passait vite. En 10 ans, j’ai écrit sept livres et quelques séries et téléfilms. Donc, au final, je troque ce que l’humanité fait de pire pour du champagne, des salons et des visios de blogueurs beaucoup plus sympathiques.


QN : Tu écris autant de one shot que de série. Comment tu choisis ce qui sera un one shot et ce qui sera une série ?

O.N : J’ai un principe de base, c’est que je ne vais jamais plus loin que ce qu’un personnage a à offrir. Noémie de Surface est l’exemple type du personnage qui est allé au bout de son histoire. Le plus important dans ce roman, ce n’était pas l’enquête, mais la reconstruction de mon personnage. Et une reconstruction passe par l’autre, on se reconstruit par rapport au regard d’autrui. Et si j’ai choisi le cold case, ce n’est pas par hasard. Un cold case, il n’y a plus de preuve, elles ont été balayées par le temps. Donc les preuves sont maintenant dans la mémoire des gens ce qui force à aller vers cet autre. Et à force d’aller vers les gens, on a cette reconstruction. Si j’écrivais une suite, Noémie serait toujours autant brisée physiquement donc le nouveau lectorat qui la découvrirait me forcerait à réécrire son histoire et donc à refaire un Surface. Et ce n’est pas mon objectif. Pour Entre deux monde, l’approche a été un peu différente. J’étais autour de la jungle de Calais et j’ai découvert que c’était presque un endroit où on pouvait tuer parce qu’à l’extérieur, on ne s’en occupait quasiment pas. Donc j’ai voulu écrire un polar là-dessus, sur un endroit où on peut tuer en toute impunité. Et mon infiltration a été grillée assez rapidement par un homme qui sera un temps devenu mon ami parce que j’ai été perçu comme un militaire. Je m’étais mis sur une colline qui surplombait la jungle et j’ai observé une journée complète. Et ça, c’est une attitude de militaire, de jamais rentrer dans un endroit sans en connaître le moindre recoin. Au final, il m’a intégré à la partie soudanaise du camp et j’ai découvert au coin d’un feu avec eux, que leur histoire était plus intéressante que mon polar.


QN : Et pourquoi avoir fait revenir Coste maintenant ?

O.N : Je voulais écrire le quatrième tome parce que Coste avait encore des choses à faire et à dire. Mais quand j’écris une histoire, je regarde l’idée de base et je cherche un perso qui correspond à ça. Et si je n’en ai pas, je le crée. Là, j’avais l’idée d’écrire sur un endroit sur lequel personne n’avait écrit, sur une île sur laquelle personne n’a écrit non plus. J’avais ce phénomène, les brumes de Capelans. Et je venais de découvrir l’existence de flics spécialisés dans les repentis, c’est-à-dire les anciens criminels qui souhaitent changer de vie. La brume est alors devenue une métaphore d’un personnage qui se chercherait. Et à la fin de Surtension, Coste est professionnellement et psychologique détruit. Le fait d’avoir ce flou a fait qu’il était tout désigné pour cette histoire. QN : Donc, en fait, tu écris sur des choses qui te tiennent à cœur. O.N : Soit c’est une histoire qui me tient à cœur, soit mon personnage à une histoire à raconter. Je ne sais plus qui a dit cette phrase magnifique, mais : « Le rôle du polar, c’est de prendre un point lumineux et de le diffracter à l’universel ». QN : Il y a des sujets que t’aimerais traiter ? O.N : Pour l’instant, non. Je ne veux pas devenir commercial à traiter des sujets sensibles pour surfer sur une vague ou faire le buzz. J’essaie d’écrire sur des sujets qui me tiennent vraiment à cœur, qui ne demandent qu’à sortir presque comme un cri. Et là, pour l’instant, je n’en ai pas dans le ventre.

QN : Même quand tu nous parlais tout à l’heure de tes missions humanitaires ? O.N : Mes années humanitaires, le problème, c’est que même si c’était il y a 20 ou 30 ans, les images sont encore fraîches et certaines ont eu des conséquences un peu compliquées. J’ai fêté mes 17 ans dans un abri sous terrain pendant que des bombes explosaient au-dessus de moi. Et même au-delà de ça, j’ai l’impression qu’il n’y a rien à raconter. À par le fait que j’ai amené des médicaments, je n’ai rien fait de spécial là-bas à part me chercher et me trouver. QN : Si certains auteurs sont sur de la recherche Wikipédia, toi, tu es plutôt auteur en immersion. O.N : De base, je suis un flic de terrain. Et je me reprojette enfant quand on se choisit un scénario parmi tant d’autres. On a une multitude de possibilités, mais on choisit d’être ce qu’on veut incarner, que ce soit un voleur, un flic, un photographe… Chaque livre que j’écris, je me plonge à fond dedans. Et grâce à ça, je peux dire que tous les deux ans, je change de vie. Il y a quelques mois, j’étais dans les brumes à St Pierre, pour le prochain, je suis en discussion avec les ambassades pour faire un voyage en Europe du Nord, dans des pays limitrophes à la Russie. QN : Pour ton prochain roman, tu as déjà une idée claire de ce que tu veux ou tu attends cette immersion ? O.N : Le prochain ne sera pas un policier donc rien n’est écrit encore. Habituellement, je prépare la petite phrase d’accroche qui sert d’intrigue et de départ d’architecture. Mais ce n’est qu’une ossature et un squelette tout seul, c’est ridicule, il faut y ajouter de la chair. Et la chair est justement ce que je prends dans mes phases d’immersion. QN : C’est ce qui rend le roman si vivant... O.N : Oui, parce que je n’invente rien. Je vais vivre au cœur des choses et tout va venir enrichir le roman. L’exemple le plus récent, c’est l’ouragan de mon dernier roman. Quand j’y étais, il y avait un ouragan du côté de Terre-Neuve. Et il ne voulait pas venir à moi. Donc j’ai pris l’expérience que j’avais, mes petits mots et mon ouragan littéraire faisaient 5 lignes. Et un soir, un pêcheur avec qui j’avais sympathisé m’appelle pour me dire « Écoute, l’ouragan est là, il arrive ». Et là, je prends donc mon petit vélo, je vais me harnacher sur la côte et j’assiste à un vrai ouragan, qui fait maintenant une page et demie. J’y suis retourné le lendemain, et c’est là que j’ai un peu pris conscience aussi de certaines choses. D’abord, il y avait des morceaux d’épaves qui avaient été déplacés de plusieurs centaines de mètres. Et là, j’ai percuté que j’avais eu de la chance. Je voulais tellement voir cet ouragan que j’y suis allé comme un couillon de parisien. J’étais là, sur la jetée et pendant ce temps, il y avais des morceaux d’épaves de plusieurs centaines de kilos qui volaient au-dessus de ma tête. Mais j’ai quelque chose de vivant et de vécu. Comme le disait Dumas, et je ne me compare pas à lui, mais je suis un très mauvais inventeur. Et à la rigueur, je n’ai pas besoin d’inventer. Tout est là, aux infos et dans le monde.

QN : Et à côté de ça, tu as été auteur jeunesse. O.N : Alors ça, c’est une partie de ma vie. Je veux dire, une vraie partie de ma vie. Ça part d’une émission où on devait amener quelque chose qui nous tenait vraiment à cœur. Et j’avais amené une étoile de shérif. Retour en arrière, j’ai 10 ans, et j’oublie de dire à ma mère que c’est mardi gras à l’école. Et pour remédier à ça, elle me fait un costume de lapin déglingué de chez déglingué, au point que je me suis demandé si elle avait vu un lapin dans sa vie. Et là, le petit Olivier, qui ne discute avec personne et qui n’a pas d’amis se retrouve dans un costume avec lequel il ne veut pas aller à l’école. Et là, mon père me dit « Mais Olivier, t’es pas un lapin ! ». Il va dans le garage, il sort un costume de shérif, arrache l’étoile de shérif qu’il accroche sur mon vieux costume tout pourri en me disant « Tu es le roi des lapins. Tu es un lapin shérif ». Et je suis devenu tellement convaincu d’être ce lapin shérif, que je suis rentré le soir, j’avais deux copains en plus. Maintenant, 36 ans plus tard, mon éditrice m’appelle pour me dire qu’elle a adoré l’histoire et qu’elle voudrait que j’en écrive un livre. Et à travers ce lapin shérif, je voulais montrer aux gamins que finalement, sauf si tu vis dans une famille vraiment problématique, le regard de l’autre n’est pas si grave. Et qu’il faut rire, chanter et danser. Bon après, 36 ans plus tard chez moi, le regard de l’autre est toujours un enfer.

QN : Donc tu ne chantes pas, et tu ne danses pas ? O.N : Je ne danse pas et je ne chante pas. Même pas en boite, même pas en karaoké. Il n’y a que tout seul chez-moi, enfermé à double tour. QN : Et comment tu prends les critiques négatives ? O.N : Très bien, j’ai du recul, je ne prends rien pour moi… C’est faux. Je meurs. Je meurs à chaque truc négatif qu’on me dit parce que le regard de l’autre est justement ce qu’il est. Et pourtant, je pratique l’art qui se prête le plus aux critiques négatives parce qu’on ne dira jamais à un peintre ou un réalisateur « ce que tu as fait, c’est nul... ». Les auteurs ont besoin du lecteur et on est très proche de vous, que ce soit en salon ou sur les réseaux, et on essaie toujours de prendre le temps d’échanger. Même Franck Thilliez, ou encore Maxime Chattam. On aime voir les émotions qu’on vous procure, si on vous a surpris, déçu, ce que vous avez aimé, moins aimé. On se voit comme des chats s’amusant avec des souris, et entre auteurs et lecteurs, on a un lien assez spécial qui se fait. QN : Tu crains de décevoir un jour ton lectorat ? O.N : Je pense que je décevrai mon lectorat quand je m’installerai dans une routine. Pour la petite histoire, j’ai écrit la trilogie Victor Coste. Ça a marché et mon éditeur m’a presque vu comme une machine à sous et m’a demandé d’écrire le 4e. Mais moi, je ne voulais pas écrire ce 4e tome tout de suite. Je dois être heureux pour écrire et avoir l’impression de faire quelque chose de qualité. Si je me force, ça ne marche pas. Alors je lui ai dit que j’allais partir sur une histoire dans la jungle de Calais. Il pensait que ça ne marcherait jamais, mais Entre Deux Mondes marche bien. Donc il revient à la charge et je lui dis que non, toujours pas, que cette fois ça sera une histoire en Aveyron. Puis une troisième fois où je lui ai dit que ce serait sur l’écologie. Et seulement, après, je suis revenu en lui disant que j’écrivais la suite de Coste. En fait, par respect pour mon lecteur, j’essaie d’aller dans des endroits où on ne m’attend pas. Je suis bien conscient que le prochain, qui ne sera peut-être pas un policier avec des cliffhangers, risque de déstabiliser. Mais c’est surtout une histoire qui mettra la littérature en avant. Je pense qu’on peut écrire un livre de 400 pages qui tabasse sans arrêt et qui soit un bon livre. Mais je pense aussi que ce genre de livre peut nous faire passer à côté de notre littérature. Et, personnellement, il y a eu un moment où je voulais rencontrer ma littérature, c’est pour ça que j’ai écrit dans Les Brumes de Capelans avec autant d’obstacles. Déjà, c’est une île où il n’y a pas de criminalité, avec un flic spécialisé dans les entretiens de victimes. Donc, pour l’action, on peut oublier. Ensuite, les brumes tombent et on ne voit plus rien. Là encore, on oublie l’action. Au final, pour m’en sortir, il ne me reste que mon écriture et c’est pour ça qu’à mes yeux, ce dernier roman est, pour l’instant, celui que je trouve le plus abouti en termes d’écriture. Ce roman m’a donné l’impression de voir et savoir ce que j’étais capable de faire et d’écrire à une période où ça a été super important pour moi de savoir si j’étais un flic devenu écrivain ou un écrivain qui a été flic.

QN : Et tu penses un jour écrire autre chose que du thriller ? O.N : C’est déjà un peu le cas. Si on enlève le dernier, qui sera de l’historique, je n’écris déjà plus uniquement du polar. Surface était basé sur une reconstruction psychologique, Impact n’est ni plus ni moins qu’un cri, que j’ai rendu malgré moi moralisateur malgré mes efforts pour qu’il ne le soit pas, contre le réchauffement climatique… En France, on a la chance d’avoir une vraie sphère d’auteurs français, mais le problème, c’est qu’on a beau avoir la meilleure écriture du monde, la meilleure histoire du monde, quand on arrive à la fin, c’est le gentil qui gagne et qui arrive à arrêter le méchant. Et je trouve qu’à ce moment, des fois, on perd un truc. Il y a encore 4 mois, on risquait à tout moment de se prendre une bombe atomique sur la gueule. Trump, même s’il n’est plus le président actuel a initié un retour en arrière en Amérique. Il faut avoir les épaules pour vivre en 2022. Et je pense que les gens ont justement besoin de voir autre chose. De s’évader et de rêver. Et pour ça, il faut de la nouveauté. Le flic qui arrête l’assassin, c’est bien, mais c’est uniquement un squelette. On peut ajouter quelque chose de concernant, de pertinent. C’est une bonne idée, mais c’est un train qu’il faut prendre maintenant. QN : Et tu as des projets d’adaptations ? O.N : Beaucoup trop. Impact devrait être adapté en série par le duo Gaumont et Paramount. Surface est aussi en série et devrait être adaptée sur France 2. Côté Coste, le dernier, devrait être adapté en film par Pathé et Jean François Richet devrait adapter Territoires. Et Entre Deux Mondes devrait être adapté en dessin animé par le réalisateur de la valse avec Bachir. QN : Pourquoi en dessin animé ? O.N : Parce que j’ai envie que cette histoire touche le plus grand nombre, y compris dans la jeunesse et que le dessin animé est le support le plus adapté. Certes, le film gagne moins, mais le moteur n’est pas l’argent, plutôt le message. QN : On se méfie des adaptations, car on est souvent déçu… O.N : Je ne crois pas que tu sois déçu de l’adaptation. Le problème du livre, c’est qu’on vous prive de tous vos sens, excepté la vue. Et, du coup, chaque lecteur est le réalisateur de sa propre adaptation parce que chacun va puiser dans son propre vécu et son propre imaginaire. Ton Coste ne sera jamais le mien. Dans ma bibliothèque, j’ai L’attrape Cœur mais c’est le mien. Ce sont les mêmes mots, mais pas du tout les mêmes images. Et ce qu’il se passe, c’est que votre imaginaire se trouve confronté à celui d’une seule autre personne, qui ne sera pas une seule seconde identique à la vôtre, vous forçant à tout déconstruire et reconstruire une nouvelle fois. Quand on va voir l’adaptation d’un roman, selon moi, il faut oublier qu’on va voir l’adaptation d’un roman, mais plutôt qu’on va voir la manière qu’a eu une personne de lire votre livre. Il existe des adaptations vraiment mauvaises. Mais, selon moi, si on a un problème avec une adaptation pas trop mauvaise, c’est surtout un problème avec nous-même, car on a voulu imposer notre vision.

QN : En fait, c’est surtout que certaines fois, des scènes ‘’importantes‘’ sont supprimées ou d’autres, sans intérêt sont ajoutées… O.N : Oui, mais alors là, c’est un autre problème. D’abord, un auteur est multimilliardaire. Si je veux écrire une course-poursuite entre deux Airbus au-dessus de Paris et faire exploser la tour Eiffel deux fois, je peux. Tout ce que ça va me coûter, c’est de l’encre et du papier. Mais dès que ça tourne, c’est plus compliqué. Je vais prendre deux exemples de mon vécu. Pour l’un, c’est tout bête, pour un téléfilm ou une série, j’avais écrit "Ils s’embrassent sous la pluie, la nuit ‘’. On m’a dit ‘’D’accord, ils s’embrassent, mais de jour et il ne pleut pas ‘’. Parce que de nuit, les techniciens et les acteurs sont payés plus cher, et si la scène est loupée, il faut faire sécher les vêtements ou prévoir des doubles. QN : Et si là, c’est l’exemple simple… O.N : L’autre exemple justement, c’est un super cadeau qu’on m’a fait un jour. On m’a offert l’introduction d’Engrenages. Super content, j’ai imaginé une scène à gare du Nord, des gens qui courent partout, des flics qui investissent le Thalys, tombent sur quelqu’un qu’on voit de dos. On imagine que c’est le meurtrier, mais il tombe et on découvre que c’est la victime. Sauf que pour ça, il faut privatiser la gare du Nord, un Thalys, 200 figurants, le tout pour un budget presque aussi élevé que celui de la série complète. Donc j’ai réfléchi à autre chose et je suis parti sur un corps, suspendu à une grue par un filin, qui passerait devant 5 appartements. Et on verrait alors comment la violence entre dans le quotidien de 5 familles. Là encore, il aurait fallu 5 intérieurs différents, une grue… Bref, au final, on trouve simplement un cadavre dans une poubelle. Et là, ce n’est que la question du budget et pas du nombre de pages de l’œuvre.

QN : Ça joue beaucoup ? O.N : Un livre, c’est assez traître, c’est trop long pour une série, mais trop court pour un film. Aujourd’hui, hormis DC, Marvel et les exceptions, un film, c’est autour d’1h45. Un livre de 500 pages ça donnerait un film d’environ plus de 3h30. Un roman policier, il y a trop de rebondissements, de présentation des personnages… Donc on coupe des scènes parce que la totalité de l’œuvre est inadaptable en elle-même. Et si tu prends la série, tu as le problème inverse. Une série, c’est un contrat de 50 minutes par épisode. Mais tu n’as pas assez de matière. Alors tu rajoutes des intrigues secondaires, des intrigues amoureuses, des trucs finalement pas nécessaires, que tu tires, que t’allonges et qui peuvent devenir vite chiant. Une adaptation, c’est une cuisine très complexe. QN : Mais donc, un scénario, c’est combien de pages, par rapport à un roman ? O.N : Ça dépend de si tu parles de scénario, de scénaristes ou de romanciers. En gros, il faut compter environ une page pour une minute donc un film, pour un scénario de scénariste, c’est entre 90 et 100 pages. Un scénario de romancier sera à peine plus long parce qu’on ne peut pas s’empêcher de décrire les choses. Quand un scénariste dit ‘’Il entre dans la pièce ‘’ un romancier va la décrire un peu cette pièce. Mes scénarios font entre 100 et 120 pages.

QN : C’est un tout autre exercice du coup ? O.N : C’est un tout autre exercice, mais en même temps ça dépend de la façon d’écrire de chacun. Personnellement, j’écris avec une plume dans la main et une caméra sur l’épaule. On me dit que mes romans sont très cinématographiques et mes scénarios sont très littéraires. QN : D’ailleurs, tant qu’on parle d’adaptation, Victor Coste, c’est inspiré de toi ? O.N : On peut dire que oui. Coste a la même date de naissance que moi, je lui ai mis un peu de mon caractère, mes cheveux poivre et sel… Et il faut savoir que même son nom, je ne l’ai pas inventé. Coste est le nom le plus donné dans la région de mes parents. Encore une fois, j’ai énormément de mal à inventer des choses. Donc quand j’écris un roman, je mets une bonne partie des gens que je connais dedans. QN : Oui on a remarqué les clins d’œil dans votre bande. O.N : Oui mais c’était la période de lune de miel ça. On s’était trouvé et on avait bien rigolé avec ça. Mais après, on s’est aperçu que ça sortait les gens de l’intrigue alors on a abandonné l’idée. Mais je continue de temps en temps à mettre des clins d’œil. D’ailleurs, j’ai écrit une série qui sera diffusée sur France 2, tout le monde ment, et j’en ai mis partout. Pour ceux qui connaissent le monde du polar français, il va y avoir plein de références. QN : Tu verrais qui pour incarner Coste ? O.N : Ce qui est bien, c’est que du coup, j’ai mon Coste, mais qu’à aucun moment pour le lecteur, je n’ai décrit sa couleur de peau. Donc, là, pour l’instant, si je devais choisir, ce serait Idris Elba. Ou alors Mads Mikkelsen ou encore Matthias Schoenaerts. Mais je ne me fais pas d’illusion, ça ne sera aucun de ceux-là. QN : Est-ce que tu as des anecdotes de salon à partager ? O.N : Alors une qui m’a bien marqué, j’ai rencontré un homme un jour et la discussion a été assez étrange. Ça a fait quelque chose du style "Ah, j’ai aimé votre bouquin, d’ailleurs, je m’appelle Victor – Ah, c’est cool ça ! – Je suis flic dans le 93 – Oh intéressant -Et mon nom de famille, c’est Coste – Okay ça devient chelou là ! " QN : C’était vrai ou pas ? Il s’appelait vraiment Victor Coste ? O.N : Il s’appelait vraiment Victor Coste. Il m’a laissé sa carte et j’ai du coup la carte de mon personnage, rangée quelque part. C’est assez fou de se dire qu’en partant de presque rien, je suis tombé sur un homme qui est mon personnage. QN : Et le personnage, tu ne vas pas être trop triste de lui dire au revoir ? O.N : Si Coste est revenu dans le dernier, c’est qu’il avait des raisons de le faire. Maintenant, il faut aussi rester crédible et un personnage ne peut et ne doit pas aller plus loin que ce qu’il a à offrir. Ils sont comme nous. Ils ont une vie à vivre et ensuite, il faut se retirer. L’histoire a fait que j’ai encore de quoi le faire revenir une fois ou deux, mais pas plus. Il reste surtout une question le concernant qui doit trouver une réponse. Mais je sais que si je le fais revenir, ou plutôt quand je vais le faire revenir pour la dernière fois, je vais l’achever. Je sais déjà quasiment où je veux l’amener et ça va être ultra violent. Je l’ai détruit humainement, psychologiquement, professionnellement. Là, maintenant, je vais l’achever et vraiment le pousser là où il n’est jamais allé. Coste a ce côté borderline qu’il faut finir d’explorer et je veux voir jusqu’où je vais pouvoir le pousser pour qu’il fasse vraiment ressortir la bête qu’il est capable d’être, et dont on a déjà eu des aperçus dans Code 93 et dans Les Brumes de Capelans. QN : Tu crois que, comme Coste, l’humain se révèle à son point de rupture ? O.N : Je pense qu’avant d’être confronté à une situation, on ne sait pas qui on est. On entend souvent des jeunes flics dire "Si je suis dans cette situation, je tire ". Bah non, camarade. Dans cette situation, tu aimerais tirer. Avant d’arriver à ce point de rupture, on est seulement ce qu’on aimerait être. Tu te dis que face à un criminel, tu vas lui sauter dessus et le mettre à terre et un jour, dans le métro, tu vois une jeune fille se faire agresser par trois loustics et tu ne bouges pas. Il faut être en face pour savoir qui on est vraiment. Personnellement, j’ai toujours voulu être pleutre et me casser dès que ça se met à chauffer en me disant que ce n’était pas mon problème. Pourtant, dans ces moments-là, je finis souvent par y aller. Et là encore, la réaction que j’ai dépends de la situation. Si c’est des inconnus, j’essaie de les séparer et de calmer le jeu. Si c’est ma mère ou mon frère, je fonce dans le tas avec l’envie d’en découdre. On ne réagit jamais de la même façon.



Et voici le jeu du portrait chinois auquel Olivier Norek a bien voulu se prêter avec nous :



Et si tu étais...

...un animal ? Un chien ...un livre ? L'Histoire sans fin ...une chanson ? Une chanson dont j'ai plus le titre. Un morceaux de Schuman. ...un réalisateur ? Brian de Palma ou Steven Spielberg ...un acteur ? Pierre Niney ...un film ? The man from Earth, ancienne version ...un pays ? La France, le plus beau pays du monde ...un instrument de musique ? Le piano ...un Plat ? Aucune chance de se tromper avec une côté de boeuf, frite et sauce roquefort

...une citation ? C'est pas tes proches, c'est pas ta peine. De moi-même.

...un personnage de fiction ? Fantômas version P. Souvestre & M. Allain ...un serial killer ? Quelqu'un avec un but. Style Virgile Solal ...une mort ? Le dépeçage ...une méthode de torture ? La torture de la goutte d'eau. Pour la curiosité. ...un lieu de séquestration ? Tout simple. Une cave. ...un thriller ? Betty d'A. Indridason ...un monstre imaginaire ? Le monstre sous le lit. Il n'existe pas mais pourtant, il existe chez tout le monde... ...une arme ? La mienne, SigSauer SP522 police.

...un lieu de séquestration ? un endroit d'où tu vois les gens mais d'où les gens ne peuvent ni te voir ni t'entendre.





Visio-délires

(Cliquer sur les images pour les agrandir) ©Le Suricate

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