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Magali Collet

4e autrice à rejoindre les membres du quartier noir pour leur visio mensuelle, Magali Collet s'est révélée être aussi intimidée que nous. Pourtant son sourire communicatif a permis pas moins de deux heures d'échanges dont voici les grandes lignes.


Quartier Noir : Comment t'es venue l'envie d'écrire du thriller?

Magali Collet : Il faut déjà savoir que je suis - j'étais en fait - administratrice d'un site de poésie québécois. Un jour, on a lancé un concours de nouvelles, avec un thème tiré au sort. Ce thème était le thriller. Et l'histoire que j'en ai tiré était trop longue pour être une nouvelle, mais en même temps encore trop courte pour ce que j'avais envie d'en faire. J'ai donc tiré pour voir jusqu'où je pouvais aller, et finalement, ça a donné le premier jet de "La cave au poupée"


QN : Et d'où vient alors tes idées pour le second, "Les yeux d'Iris"?

MC : A la base, il y avait une envie de jouer avec les serments entre copines de lycée. J'ai des amies de cette période avec qui je fais encore des serments à 50 ans. Mais il y a aussi une part de réalité. Une expérience vécue par une amie de jeunesse. On pense souvent que ça s'arrête à l'acte. Mais il y a des choses qui ne sont jamais racontées, comme la fuite de l'esprit qui imprime les odeurs, les sons, une musique qui passe,.. mais aussi la reconstruction.


QN : Justement, c'est assez surprenant que le résumé ne parle pas de cet aspect là de l'histoire...

MC : On m'a beaucoup reproché la brutalité de ce passage. Et je me suis du coup demandé si je devais prévenir pour cette scène. J'ai d'abord pensé que oui, et j'ai décidé que non. D'abord parce qu'on est jamais préparé à ce genre de choses. Quand mon amie a été agressée, elle n'était pas au courant de ce qui allait lui tomber dessus.


QN : Et ton amie, elle en a pensé quoi de cette scène?

MC : Elle a lu la scène, mais pas le livre. Elle a été sensible au choix du point de vue, mais elle a pas lu le livre. Peut être qu'elle ne veut pas voir ce que j'ai fait de ça.


QN : Pour en revenir à la violence, Je trouve ça fou que les livres soit le dernier élément culturel à ne pas avoir d'avertissements...

MC : Dans mon monde, il y a un avertissement dès que ce n'est plus un livre pour ados. Je suis choqué quand j'entends des adolescents de cinquième me dire qu'ils ont lu "Les yeux d'Iris". J'ai envie de leur dire "mais, c'est un livre pour adultes, ce n'est pas pour toi...". Que les gens la lise ou pas, c'est leur problème, mais la signalétique devrait être là.


QN : D'ailleurs, on reviendra plus tard sur l'autrice, mais qu'en est-il de la Magali Collet lectrice ?

MC : Je lis surtout quand je n'écris pas. J'ai toujours cette crainte que le livre que je lis interfère sur le roman que j'écris. Je n'ai pas d'ordinateur portable, donc je peux prendre vraiment le temps de lire pendant les vacances scolaires. Côté genres, je lis de tout. De la littérature blanche, des livres de musiques mais aussi des policiers et des thrillers.


QN : Et donc le côté thriller ça donne quoi?

MC : Je suis fan de Franck Thilliez, J'adore Sharko, le personnage, et ce qu'il en fait. J'aime beaucoup Claire Favan, j'ai lu dernièrement "le tueur intime". Je suis moins fan de Karine Giébel. C'est trop violent. Karine Giébel, te laisse en apnée de la première à la dernière page là où Claire Favan laisse un peu de respiration. L'ultra violence ne me dérange pas, du moment que toute les scènes ne sont pas à la suite. Et je crois aussi qu'on a pas la même sensibilité entre ce qu'on lit et ce qu'on écrit. Et je crois que je ne pourrais pas lire plus violent que ce que j'écris.


QN : Il n'empêche que côté écriture justement, certains membres du groupe ont trouvé les personnages vraiment froids, et on se demandait si tu avais de l'empathie pour eux.

MC : alors oui mais les yeux d'Iris c'est un peu particulier parce que c'est le livre le plus personnel que j'ai écrit. J'ai mis un peu de moi dans tout les personnages et ça perturbe la lecture de ceux qui me connaissent trop. Comme mon mari par exemple. Qui a d'ailleurs aimé "La cave aux poupées" mais pas "Les yeux d'Iris". Parce que chaque fois qu'un personnage faisait quelque chose, il me disait "oui mais c'est toi qui fait ça". Dans le livre, un personnage adore se balader pour s'isoler, eh bien c'est moi. Je viens d'un village de 1200 habitants où tout le monde se connait alors de temps en temps, j'aime prendre un billet pour Paris et juste me retrouver, dans un café avec un bon livre. J'espère, avec l'expérience pouvoir créer des personnage qui ne me ressemble pas. Quand on met trop de soi, on est trop impliqué. Au départ, une critique négative me mettait sous la couette. Jusqu'à ce qu'on me fasse prendre conscience que c'était le livre qu'on aimait pas, et pas moi.


QN : On arrive dans les dernières questions... Tu as un conseil à donner à quelqu'un qui veut devenir écrivain ?

MC : Y aller. Le premier pas n'est pas d'écrire. C'est celui de présenter ce qu'on fait. Quand j'ai commencé, personne ne le savait et c'est mon mari, à qui j'avais proposé de lire un manuscrit qui m'a dit "essaye de le faire publier, et si ça marche, je le lirai".


QN : Et des recommandations peut être?

MC : "Jeux de peaux" de Anouk Shutterberg. J'ai eu un gros coup de coeur aussi pour "Ineffaçable" de Clarance Pitz. Et "La peine du bourreau" de Estelle Tharreau. Un bijou. Ecrire un tel condensé de choses en un format si court c'est génial. Et elle arrive en plus à se renouveler à chaque roman et c'est à ça qu'on reconnait un bon auteur. Pour moi, le cap sera franchi quand je pourrai me documenter pour explorer d'autres espace. Par manque de temps, ce n'est pas encore le cas. Mais j'y crois !




Visio-délires

(Cliquer sur les images pour les agrandir) ©Le Suricate

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